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8 janvier 2011

articles journal Sud-Ouest du 3 au 7 janvier 2011 par PIERRE PENIN

lundi 3 janvier 2011 :

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retranscription de l'article:

 

Le blogueur bayonnais pose son regard sur le quartier

Il vit depuis 15 ans dans la barre d'immeubles de Breuer : Alain Cheminel dit ce qu'il pense sur le blog qu'il consacre à la vie de l'avenue Jouandin, en bien ou en mal.

 

La nouvelle piscine municipale au pied des barres Breuer ? « Oui, c'est une bonne chose. Comme la rénovation des immeubles. C'est moins gris. Le quartier bouge. » Alain Cheminel loue ces chantiers. « Je sais dire quand c'est bien », glisse-t-il. Précision utile à celui qui ne s'est pas attiré que des sympathies avec son blog sur le quartier : bayonnejouandin.canablog.com.

Jouandin, comme le nom de l'avenue qui longe le grand ensemble, 1 100 appartements majoritairement à loyers modérés. Alain Cheminel connaît : « J'ai 43 ans et je vis au 5 bis depuis 15 ans. Gamin, j'ai vécu au 3, avec ma mère et mon frère. »

 

Image

Spontanément, quand on sollicite son regard sur ce pan de la ville en ses confins, c'est l'éternelle question de l'image qu'il aborde. « Quand j'étais enfant, il n'y avait pas de problème et les gens de l'extérieur avaient une très mauvaise image du quartier. Quand je suis revenu y vivre adulte, les soucis étaient apparents et il n'était pas de bon ton de le dire. On vous faisait culpabiliser. »

Aujourd'hui, la rénovation en cours dit d'une autre façon, cette préoccupation de l'image, au-delà de la nécessité évidente de rénover. De même, la tentative municipale compréhensible d'imposer le nom de Breuer à la ZUP, soit le patronyme de son architecte reconnu. L'image, l'image…

 

« C'est juste que la population est concentrée. Les choses sont plus flagrantes, ici. La connerie. Mais aussi les bonnes choses. » Pour lui, sa résidence, c'est ces clopes dépannées par la voisine. « Moi, je lui prête mes outils. »

« Provoc »

La cité Breuer, la ZUP, Jouandin, les Hauts de Bayonne ou de Sainte-Croix, peu importe finalement les mots retenus. Sur son blog, Alain Cheminel raconte simplement son quartier. « Dans mon état d'esprit, ce blog voulait réunir une certaine mémoire d'ici. J'aime bien voir les photos anciennes des villes. Je me dis que les images d'aujourd'hui seront les photos anciennes de demain. » Aussi, l'internaute a suivi l'évolution récente des Hauts. Comme la construction des parkings de la « cité » dont il livre des clichés de la progression.

Il ne s'en tient évidemment pas à la collecte. « C'est aussi une façon d'interpeller. Parfois par la provoc. Je ne prends pas toujours de gants. » Alain Cheminel convient qu'il a été « un Monsieur courrier ». « J'écrivais pour un oui pour un non, c'est vrai. » Mais il est comme ça : les platanes mal taillés le hérissent. Alors il l'écrit. Aujourd'hui sur le net.

« Ceux qui font des choses »

« J'écris aussi pour dire du bien de certaines choses, ou initiatives. » Le résident aime « les gens qui font des choses, même si c'est quelque chose qui ne m'intéresse pas ». Il aime les jeunes qui font du rap, par exemple, et trouve que l'« on n'en parle pas assez ».

De façon générale, il voudrait entendre la voix d'une certaine majorité où il se situe. Celle des gens « qui se débrouillent avec 200 euros par mois pour manger, une fois les charges payées ». Lui bénéficie des minimas sociaux, « mais c'était pareil quand je travaillais ».

« Il ne reste pas de quoi vivre dans le luxe à celui qui gagne 1 000 ou 1 300 euros par mois. » Démagogique ? « Je ne suis pas si mal que ça, ici. Je fais avec. Mais les mecs qui font avec quelques centaines d'euros n'ont pas envie d'entendre ceux qui en gagnent 3 000 leur dire qu'ils ne sont pas si mal que ça. » Un début de billet pour son blog.

 

banniere_promo_solutions_visuelle_alain_cheminel 

 

mardi 4 janvier 2011:

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retranscription de l'article:

 

« Ça restera toujours la ZUP pour ceux d'ici »

Kadiri Laaroussi encadre depuis deux ans la section full-contact du COB. « Né » dans le quartier populaire, il le désigne comme son « lieu d'attache ».

 A la terrasse du Saint-Pierre, place des Gascons, le café réchauffe en ce matin frisquet. « Salut. Et bonne année. » Kadiri Laaroussi serre main après main. Sainte-Croix a parfois des airs de village. « Je suis né à la ZUP. J'ai 40 piges et j'avais trois mois quand je suis arrivé. Elle était en construction. J'ai monté pas mal de projets, ici. Alors… » Le dernier en date a deux ans : une section full-contact au Club olympique bayonnais (COB). « Si vous voulez vous réchauffer, c'est là qu'il faut aller. »

 

Champion de France de semi et light conctact, vainqueur de la coupe de France en vétérans, plus quelques titres hors des frontières, Kadiri Laaroussi préside par ailleurs le club biarrot Light contact Côte basque.

Intérim

« Ce n'est pas le même public qu'au COB. A Biarritz, j'ai des gens qui veulent s'entretenir. Plutôt des gens installés dans la vie. Ici, ils viennent se défouler. Ce sont des jeunes, des étudiants, des gars qui cherchent du travail. » Surtout, ce sont « des gars qui s'accrochent. » Il a mesuré « une motivation inattendue », chez ses élèves. « Quarante licenciés, quand même. »

Lui connaît leur ordinaire. En ce moment, il travaille comme intérimaire, après une avarie professionnelle. « J'étais artisan dans le bâtiment. A mon compte. Et puis un gros impayé m'a coulé. Mais je bosse, je n'ai jamais été au chômage. » Ce qu'il voudrait aujourd'hui, c'est vivre de ce sport qu'il enseigne bénévolement. « J'ai pris contact avec la jeunesse et sports, pour voir si je peux avoir accès à une validation d'acquis. »

Peut-être se rendra-t-il à l'inauguration du pôle aquatique construit aux pieds de « la cité », samedi. « C'est une super idée, la piscine. Elle peut amener des gens de l'extérieur, ouvrir le quartier. C'est un beau cadeau fait à ''la cité Breuer''.» Il prononce le nom avec un petit sourire au coin des lèvres. « Oui, ça nous fait un peu rire, ici. Je comprends pourquoi ils veulent changer le nom. Mais ça restera toujours la ZUP pour ceux qui sont ici. On ne parle même pas de Jouandin (1). Peut-être que les nouveaux arrivants adopteront Breuer. »

« Tous pareils »

Le nom, la piscine, la rénovation urbaine des barres d'immeubles… « Le quartier a drôlement changé. Il est plus convivial. Mais il manque des choses pour les jeunes. La MVC (Maison de la vie citoyenne, NDLR) n'a jamais vraiment remplacé la MJC fermée. »

 

Kadiri Laaroussi entend les revendications, parfois confuses, de la jeunesse : besoin de plus de structures d'accompagnement vers le travail, de lieux pour se réunir. « Heureusement qu'il y a la salle de répétition, pour les groupes. Mais c'est peu. »

Lui aussi, porte des aspirations. Pour la section full-contact. « On aurait besoin d'un équipement, pantalon et t-shirt. Quand on va faire une compétition à Bilbao ou ailleurs, on n'a pas deux tenues identiques. » Les bariolés, « comme à la ZUP », sourit le champion. Plus sérieux : « Quand on va taper aux portes de sponsors, c'est compliqué. On nous répond régulièrement ''on soutient déjà l'Aviron bayonnais''. C'est dur d'exister à côté. Pourtant, on a des résultats. »

Pour faire progresser ses protégés, Kadiri Laaroussi vient d'Anglet, où il vit désormais. Mais « la ZUP » reste son « lieu d'attache ». Celui des amis qui appellent régulièrement pour « faire un foot ».

« Ce que je trouve ici, je ne vais pas le trouver ailleurs. Après 11 ans à Anglet, je dis à peine bonjour aux voisins. Ici, c'est convivial. » D'y voir le lien propre aux « quartiers populaires ». « Il y a une base modeste. Ici, on est tous pareils. Même si on a une belle piscine. »

(1) Les barres d'immeubles de Sainte-Croix s'étirent le long de l'avenue Jouandin.

 

 

 

 

mercredi 5 janvier 2011:

 

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retranscription de l'article:

 

Sainte-Croix : Patricia aux premières loges de la ZUP

Patricia Souroste est gardienne à la cité Breuer depuis plus de 20 ans. Elle en connaît les difficultés comme l'humanité. Et les gens, eux, connaissent ses œuvres….

 

Patricia Souroste développe une théorie : « Si vous voulez voir la société, il faut venir à la ZUP. Vous avez toute la société ici. » Gardienne depuis 20 ans du bâtiment 5 bis, elle a l'expérience des entrailles de la cité Breuer, en connaît les histoires, heureuses ou pathétiques. « Mais je ne dirais pas tout », prévient-elle. Les concierges aussi observent le secret professionnel.

Elle vit dans les fameuses barres d'immeubles depuis 1983. Mais avant, elle pensait « comme tout le monde ». « Je me disais ''je ne vais pas habiter là''. Je jugeais par rapport à l'image des bâtiments. » Oui, si elle l'avait pu, elle se serait certainement installée ailleurs. Les rêves ont vu sur la mer. « Mais l'image de l'extérieur n'est pas juste. Les gens en souffrent. C'est une discrimination. Moi, je peux vous dire que je connais des gens ici qui ont gagné leur place au paradis depuis longtemps. »

 

« Je connais leurs pas »

Les autres ? « Il faut les oublier », évacue-t-elle. Quoi que… « J'ai été malade un long moment et un jour, c'est un des gamins les plus durs de la cité qui m'a pris le balai pour m'aider à passer la serpillière. » Elle parle de « caïd » à propos de ce soutien inattendu. « Pendant mon problème de santé, les gens ont été humains. Ils m'ont soutenue. Ils avaient un mot gentil. Ce n'était pas individualiste. Je ne m'y attendais pas. J'étais soufflée. »

Peut-être parce que « j'aime tous les gens ». « Je connais leurs pas, leur parfum. Je vois quand ça ne va pas. On vit avec les gens en restant à nos places. On ne juge pas, on les prend comme ils sont. » Attention, le règlement intérieur est bien gardé avec Patricia Souroste. Au prix parfois de quelques rappels à celui-ci audacieux, si ce n'est hasardeux. « Il faut dire les choses, mais toujours en respectant. Ce n'est pas facile d'être gardienne. »

Tableaux

Dans la cage d'escalier du 5 bis, sa loge est une œuvre permanente. Pour Noël, elle a construit un décor hétéroclite. Un savant bazar attendu des résidents. « Ils me disent ''qu'est-ce que vous allez nous faire la prochaine fois ?''» Elle récupère à tour de bras pour créer une nouvelle ambiance. « Par exemple, je vais dans la nature chercher des branches et je fais le printemps. Au début, pour Noël, je faisais le sapin avec des boules en chocolat. Je ne vous raconte pas les gosses ! »

Sa première installation : un aquarium géant. « 600 litres ! On l'avait fait avec mon mari. » Philippe. « C'est lui qui m'inspire. » À côté, Monsieur fait mine de fanfaronner, pour mieux esquiver le compliment. Que va-t-elle encore inventer pour habiller sa loge ? « Chez moi, ils disent que je suis un peu folle, parce que j'ai une imagination débordante. Quand je vois un truc, je le transforme. »

Les esthètes peuvent bien se gausser. Patricia, avec ses drôles d'idées, dit à ceux de la cité sa considération. « Avec l'aquarium, je me suis dit que ça allait apaiser les gens. Je voulais donner un peu de rêve en attendant l'ascenseur. Je crois que c'est du lien social. »

Patricia ne va pas être contente. « Ne parlez pas trop de moi. Ne me faites pas le grand truc », avait-elle prévenu. Mais parler d'elle, de son turbin tel qu'elle l'accomplit, c'est finalement beaucoup parler des autres. « Dans ce métier, il faut de l'empathie, mais pas trop », préconise-t-elle. Elle pense à cette dernière phrase : « Je crois que je n'ai pas su… »

 

 

jeudi 6 janvier 2011:

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retranscription de l'article:

 

Une terre de mission

L'abbé Lavigne exerce son ministère dans le quartier depuis 2002.

 

En 2002, l'abbé Jean-Marc Lavigne, Haspandar de naissance, débarquait à Bayonne comme curé de Sainte-Croix. Désormais il est le curé de Saint-Vincent-de-Paul, une paroisse plus vaste regroupant plusieurs relais paroissiaux, comme on dit aujourd'hui. Mais c'est toujours dans le quartier des Hauts-de-Sainte-Croix, devenu Hauts de Bayonne, qu'il réside. Un quartier auquel il s'est, dès le départ, beaucoup attaché et dont il est devenu une figure., au point d'avoir, lui aussi, ses habitudes.

« J'ai toujours été positivement impressionné, confie-t-il, par la capacité des habitants de ce quartier à vivre ensemble, alors qu'il regroupe des populations très différentes, des gens qui restent, d'autres qui s'en vont, d'autres qui trouvent ici un lieu provisoire d'accueil… » L'abbé Lavigne n'a jamais oublié la fresque qu'il a découverte, dès son arrivée, sur la façade de la bibliothèque du quartier : « Qui a vu la Zup a vu le monde »…

 

Son ministère a conduit, tout naturellement, ce prêtre de 50 ans à rencontrer « des familles en grande souffrance, des gens isolés et qui s'isolent car ils veulent se cacher, des gens sans travail, connaissant une grande précarité… Avec les chrétiens qui m'entourent, je me suis efforcé d'être à leur écoute, de ne pas passer trop vite dans leur vie, d'être marathonien plus que sprinter… » Car Jean-Marc Lavigne n'est pas un acteur social comme les autres. Sa Foi, sa vocation de prêtre sont à la source de tous ses engagements.

Inquiétudes

La réhabilitation des immeubles de ce quartier,, l'abbé Lavigne la trouve « remarquable ». Mais il s'inquiète quand même : « Quand l'habitat s'améliorera, les loyers augmenteront. Et une partie de la population aura du mal à habiter dans ce quartier comme elle le faisait jusqu'alors. Où vivra-t-elle ? »

L'avenir des Hauts de Bayonne ne pas seulement, selon l'abbé Lavigne, de l'investissement de la Ville, en argent et en présence. « Tout ne se fera pas de l'extérieur. Il faut que les habitants aussi se prennent en main pour donner à ce quartier des couleurs nouvelles. » Est-ce difficile de les mobiliser ? Le curé réfléchit. « Un peu quand même. Comme partout, ce sont toujours les mêmes personnes que l'on retrouve dans les associations, et même à l'église. »

L'une des grandes initiatives de l'abbé Lavigne, depuis qu'il exerce son ministère à Bayonne, fut le dialogue interreligieux qui s'est concrétisé par des réunions mensuelles entre juifs, chrétiens et musulmans. Un dialogue ne versant jamais, précise-t-il, dans le syncrétisme ou ce relativisme souvent dénoncé par Benoît XVI.

Un renfort venu d'Afrique

Dans le même esprit, le curé de Saint-Vincent-de-Paul consacre beaucoup de temps à l'accueil des migrants. La messe célébrée chaque année lors de la Journée mondiale des migrants et des réfugiés est le point d'orgue de cette action. Et il a, enfin, toujours cherché à mettre en valeur les mouvements d'action catholique comme l'Action catholique des enfants (ACE) et la Jeunesse ouvrière chrétienne (JEC), maintenant ainsi, par le bais de ces associations, un « côté missionnaire » auquel il tient beaucoup.

Les missionnnaires ont, par ailleurs, bien changé. Depuis le 26 décembre, l'abbé Lavigne bénéficie, en effet, de la « coopération pastorale » de l'abbé César Malangi, 50 ans, venu tout droit de la République démocratique du Congo. « À une époque, constate-t-il, nous autres Blancs allions en Afrique pour évangéliser. Aujourd'hui, suite au manque de prêtres en France, nous en accueillons venus de l'étranger, notamment d'Afrique, qui nous aident dans notre pastorale. » L'abbé Malangi, dont c'est le premier séjour en France, a été ravi de l'accueil qui lui a été réservé dans le quartier. « Je n'ai rencontré aucune indifférence ». En revanche, il reconnaît avoir beaucoup souffert du froid !

 

 

vendredi 7 janvier 2011:

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retranscription de l'article:

 

Les rappeurs bayonnais de Sgarface croient en leur labeur

Mirsa, Minzo et DJ Yass viennent d'enregistrer leur premier album hip-hop. Ils ont peaufiné les quinze titres dans la salle de répétition du quartier. Bientôt dans les bacs

 

Leur place au soleil, ils vont se la faire avec de la sueur et des mots. Mirsa, Minzo et DJ Yass (pour Samir, Nabil et Yassine) forment le groupe de rap Sgarface. Du made in ZUP, fait à Sainte-Croix. « Mais on regarde le monde », précise Mirsa, sans pour autant renier l'ancrage. Leur premier album est prêt : « Il est trop tard pour être pessimiste », son titre, marque leur volonté de « ne pas attendre que ça tombe tout fait ». « Agis », c'est leur leitmotiv.

« L'affaire » commence donc dans les Hauts de Bayonne. Le premier nom de leur groupe en fait un étendard : « QNB64, ça voulait dire quartiers nord de Bayonne. » Une première « mix tape » (maquette) de cinq titres est enregistrée en 2005 par QNB64. « Elle avait fait son petit bruit, à l'époque. On avait appelé ça ''Sgarface'' et puis on a décidé de l'adopter comme nom de groupe. On voulait sortir de ce côté quartier, pour élargir le propos. »

 

Ligne de conduite

Sgarface joue sur le cliché usé arabe-jeune-banlieue-rap. « Sgar en arabe, c'est un peu tête brûlée. On a endossé le stéréotype par dérision. Il fait le nom, pas le contenu. » La forme, pas le fond. « Notre discours ? Il est résumé dans le titre de l'album. On vit dans une époque où c'est devenu un luxe de se sentir exister. Mais si tu ne te laisses pas emporter par les peurs de l'époque, cette vie devient magnifique. On dit avec notre musique que c'est possible d'exister dans ce monde, mais que c'est à nous que ça tient. Il ne faut pas se trouver toujours des excuses. Tu n'as que des petits moyens ? Tu construis avec. »

Leurs textes déclinent cette ligne de conduite. Ce choix du moins simple. « Décider de prendre les choses en main, c'est se faire violence », développe Mirsa. Le constat des inégalités classiquement scandées dans le rap, ils le font, évidemment. « On connaît les portes fermées et mêmes claquées », acquiescent-ils. Mais ils ne veulent pas du constat pour fin. « Une fois que tu as dit ça, qu'est-ce que tu fais ? Le problème, c'est autant ceux qui stigmatisent que ceux qui acceptent le rôle sans réfléchir sur eux-mêmes. Encore une fois, cette réflexion, c'est un effort. C'est dur. »

« Long et difficile »

Leur disque donne matière à ce discours. La musique après le turbin en intérim, deux ans de gestation et quinze titres solides. « C'est long et difficile », glisse Minzo. « Mais si tu veux faire quelque chose de bon, dont tu es fier, il n'y a que le temps. » Surtout loin des pôles de la culture hip-hop que sont les grandes agglomérations. « On n'a pas ce réseau pour faire avancer les projets. » Mais à force de croire à sa musique, Sgarface a enregistré sa galette. Le CD sort tout juste du studio Laguna Records, à Biarritz.

Le temps de la diffusion va commencer. Une autre bataille. « Là, on est dans la paperasse. Les inscriptions à la SACEM et la SDRM pour protéger notre travail et se mettre en règle. Mais c'est des sous et on n'en a pas beaucoup. » Après l'administratif, le démarchage du réseau de vente. « Mais on croit aux concerts pour faire avancer notre travail. Notre album, il va faire mal. »

 

 

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